HAKUNA MATATA

dimanche 4 février 2007

Départ

Nos sacs sont bouclés et nous descendons « chez Albert » pour prendre notre dernier déjeuner avant notre départ pour le Kenya. Il fait beau, le ciel est bleu, sans nuages, la température plutôt douce, il y a dans l'air comme un parfum de printemps, un parfum de vacances.
Nous filons vers Orly. Dans le train, quelque banlieusards montent et descendent au gré des arrêts. Un couple persiste avec nous jusqu'au pont de Rungis. Un peu perdus, Alex leur indique la navette pour l'aéroport.
Nos bagages sont enregistrés, les divers contrôles passés. Comme je m'y attendais, ils ont contrôlé mon sac photo, avec le boîtier, ses deux objectifs, les jumelles et divers accessoires. En revanche, ils n'ont pas vu mon briquet au fond de la poche de mon blouson... Je vais pouvoir mettre le feu à l'avion !
Nous attendons. Dehors, les avions manoeuvrent et s'élancent dans le soleil couchant. Nous essayons de repérer nos potentiels compagnons de voyage... difficile de se faire une idée.Kenya_001_small
Embarquement. Un peu déçus par nos places... deux fauteuils isolés, en bout de cabine, la cloison des toilettes derrière nos sièges qui du coup ne peuvent pas s'incliner autant que les autres. Alex explique notre situation à un charmant steward, appuyant sur le fait qu'il s'agit là de notre voyage de noces, et lui demande s'il peut nous trouver d'autres places... en vain ! Il reste bien 80 places de libres dans l'avion, mais pas deux côte à côte. Tant pis, cela ne suffira pas à entamer notre bonne humeur ni ne gâchera notre joie de partir... nous aurons quand même droit à une coupe de champagne !

Posté par fleg à 10:40 - Permalien [#]


lundi 5 février 2007

Aéroport

Nairobi, 5 heures du matin. Nous sortons de l'avion après huit heures de vol. Même si nous n'avons pas vraiment dormi, entre les bruits de chasse d'eau et les genoux grippés, nous ne nous sentons pas trop fatigués ; excités plutôt par l'aventure qui commence.

Une centaine de passagers est descendu avec nous, le reste re-décollant pour Mombasa dans une heure. Nous jouons de nouveau au jeu de « quels seront nos compagnons, lesquels choisirs, lesquels éviter ». Au contrôle des passeports, un petit couple devant nous, la trentaine. On nous indique qu'un autre guichet est ouvert, plus loin. Nous sommes invités à nous y rendre. A priori, j'ai plutôt un bon feeling pour le petit couple. Alex non : elle a remarqué qu'ils s'étaient précipités pour arriver les premiers au guichet.

Nous attendons les bagages qui tardent quelque peu à arriver. Il faut dire qu'à cette heure matinale, il n'y a pas beaucoup de personnel dans l'aéroport. Derrière moi, un petit homme grassouillet, la soixantaine avancée, légèrement chauve, m'est d'emblée antipathique. Il n'arrête pas de bouger, me bouscule presque pour regarder si les bagages arrivent alors que le tapis n'a pas pas encore démarré, il soupire, s'agite, grogne... Cette fois, Alex partage mon sentiment : à éviter !

Dehors, trois minibus nous attendent. Des Nissans pouvant accueillir chacun 8 passagers. Un couple nous rejoint. Lui grand et maigre, elle plus petite et ronde : Laurel et Hardy ! Ils engagent la conversation en nous demandant si nous avons changé de l'argent. Nous répondons par l'affirmative. Eux nous expliquent qu'ils ont lu dans un guide que l'on pouvait payer en euros et qu'ils comptent donc utiliser cette monnaie pour régler l'intégralité de leurs dépenses au Kenya [sic] !

L'un des chauffeurs nous dit de regarder les feuilles affichées sur chaque bus, où sont indiquées les noms des passagers. Nous ne pourrons donc pas choisir nos compagnons de voyage...  Nous sommes dans le bus n° 3, Laurel et hardy dans le bus n° 2. Peu à peu les gens arrivent : le petit couple pressé de la douane d'abord (bus n°1), puis un autre couple, lui la soixantaine, elle à peine la quarantaine. Ils seront dans notre bus.

Débarque alors une colonie de portugais agités et bruyants. Ils sont dix ! Ils devront donc se répartir dans deux bus : 4 avec nous et 6 avec Laurel et Hardy. Par chance, le petit gros nerveux du tapis à bagages n'est pas avec nous.

Des trois chauffeurs/guides qui nous accompagneront pendant toute la durée du voyage, le notre est le plus réservé, presque froid et distant, quand les autres semblent joviaux et avenants. J'en fais la remarque à Alex, suggérant que nous avons sans doute le chauffeur le moins sympa des trois. Elle me réponds que cela ne veux rien dire et qu'il faudra voir « à l'usage »... Encore une fois, c'est elle qui a raison : Peter (Kabouzi), c'est son nom, s'il n'est effectivement pas le plus sympathique, se révélera le meilleur chauffeur et sans doute le guide le plus compétent.

Le jour se lève. Nous quittons l'aéroport. Première surprise, au loin, dans un champ, entre les arbre, une girafe ! Direction Nairobi que nous devons traverser pour rejoindre la route de Masaï-Mara.

Posté par fleg à 10:42 - Permalien [#]

Nairobi

La route de l'aéroport est une grande avenue bordée de champs au milieu de nulle part. On est en campagne. Durant les premiers kilomètres, rien ou presque n'indique que nous sommes à proximité de la première ville du Kenya. C'est là que j'ai ma première vision du Kenya... un pays qui marche. En effet, en dépit de l'absence de constructions proches, des dizaines de personnes marchent sur le bas coté de la route. 

matatus
Matatus

D'autres arrivent de chemins semblant mener nulle part, venant grossir le nombre des marcheurs. A mesure que nous approchons de Nairobi, la densité de piétons et de voitures augmente.

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Embouteillages à Nairobi

Des minibus, les « matatus », circulent en tous sens, montant parfois sur le bas côté pour remonter une file de voitures, soulevant à l'occasion un épais nuage de poussière, ou s'arrêtant simplement pour permettre à quelques passagers de descendre, passagers bientôt remplacés par d'autres, venant s'entasser à leur tour dans le matatu bondé. Nous voilà bientôt pris dans un gigantesque embouteillage.

Il nous faudra plus d'une heure pour en sortir, ce qui nous donnera tout le loisir d'appréhender la pollution suffocante de la ville et d'admirer les pigeons locaux : des marabouts, sortes de cigognes d'Afrique, juchés dans les arbres, principalement à proximité des marchés.

Posté par fleg à 12:29 - Permalien [#]

La piste

Plusieurs heures que nous roulons. La route, au départ plutôt bonne, est vite devenue exécrable. Les portions de goudron défoncées alternent avec des morceaux de pistes chaotiques. Les traces des pluies diluviennes qui ont inondé cette partie du pays en décembre sont encore bien visibles. Par endroit, la piste se transforme en bourbiers et nos chauffeurs avisés s'écartent alors de celle-ci, à travers champs, suivant ou créant à l'occasion de nouvelles ramifications qui deviendront provisoirement la piste principale. Le long du chemin, nous croisons parfois quelques massaïs en habit traditionnel rouge, assis au bord de la route, surveillant leur troupeau ou marchant, lance à la main,  vers une destination qui nous restera inconnue.

Ma deuxième impression du Kenya est l'immensité. Des espaces sauvages à perte de vue, un regard qui, où qu'il se pose, n'est pas arrêté, si ce n'est vers le nord-est par les falaises bordant la vallée du rift au milieu de laquelle nous évoluons. Impressionnant !

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Peter face à la vallée du rift

A mesure que nous avançons, nous pouvons deviner, un peu à l'écart de la piste, des villages traditionnels massaïs, des Kraals, aux maisons en terre séchée, regroupées en cercle et entourées d'une haie d'épineux servant à repousser les prédateurs.

Au milieu d'une plaine apparemment déserte, la piste devient franchement détrempée. Nous nous arrêtons : un minibus nous précédant est embourbé. Un 4X4 arrive à passer avec difficulté. Peter, notre chauffeur, descend pour aller inspecter la piste, juger s'il est possible de passer et si oui, où. En quelques minutes, des femmes massaïs, surgies de nulle part, vêtues de rouge et parées de colliers et de bracelets de perles multicolores, apparaissent et tentent de nous vendre divers bijoux artisanaux. Cette apparition me fait penser au film « Lord of war » d'Andrew Niccol, lorsque l'avion de  Nicolas Cage est contraint de se poser sur une piste africaine et qu'en quelques minutes des centaines de personnes affluent, d'abord pour vider l'avion de sa cargaison d'armes, ensuite pour le démonter dans la nuit.

bourbier
Embourbés

Nous sommes descendus du bus et nos compagnons portugais commencent à prendre les femmes massaïs en photo, passant outre les recommandations de Peter qui nous avait expliqué un peu plus tôt que « voler » des photos risquait de provoquer le « caillassage » du bus. Notre chauffeur  revient et intervient avant l'incident. Il a presque l'air d'avoir eu peur : on ne photographie pas les massaïs sans leur consentement !

Demi-tour. Finalement, nous emprunterons une piste parallèle évitant le bourbier.

Posté par fleg à 12:32 - Permalien [#]

Masaï-Mara

15h00. Nous arrivons enfin à Masaï-Mara. En entrant dans le parc, nous avons vu notre premier éléphant, puis des centaines de gazelles, principalement des gazelles de Thomson, et des Topis, magnifiques.

topi
Topi

Fig Tree camp... une oasis au milieu de la savane, logée dans le méandre d'une rivière boueuse. Le décor est féerique, les chambres confortables bien qu'humides, la végétation luxuriante.

thomson
gazelle de Thomson

Des singes aux couilles bleues traversent parfois les allées fleuries et ombragées menant aux chambres. Tant de luxe est choquant après avoir vu les villages poussiéreux sur le bord de la route, les enfants courant pieds nus sur le bas côté, les massaïs dans leurs maisons de boue séchée... mais on oublie vite et on s'habitue très bien au luxe... et on soigne sa mauvaise conscience en se disant que le parc et le lodge sont administrés par la communauté massaï et que les profits qu'ils en tirent servent à éduquer leurs enfants !

Posté par fleg à 12:33 - Permalien [#]


"GI-Joe"

singe
singe à couilles bleues

Déjeuner tardif avec nos compagnons de voyage. Juste le temps de nous changer et nous partons pour notre premier safari photo.

Dans le bus n°1, le petit couple pressé a revêtu sa tenue de safari. Si Mme est restée discrète, Mr a sorti panoplie complète du parfait petit rangers, achetée - même pas en solde - chez Décathlon avant le départ : chaussures de marche kaki, T-shirt et bermuda beige, sans oublier les accessoires indispensables au grand explorateur :  la ceinture avec un petit étui en cuir pour le couteau de survie multifonctions, un autre pour le téléphone portable (même pas iridium... c'est un amateur), les lunettes de soleil (indice 3) et le formidable chapeau en toile façon chasseur d'éléphant. Tout ça sent le neuf et ressemble à un catalogue de Noël... Alex a trouvé : c'est GI-Joe !

Posté par fleg à 16:48 - Permalien [#]

Safari

Très vite nous rencontrons une lionne, couchée dans l'herbe haute de la savane.

lionne
Sur la piste ...
lionne_2
La lionne
lion
Le roi assoupi

Indifférente aux minibus et voitures, elle nous laisse nous approcher à quelques mètres d'elle. Ici, les animaux ne sont plus effrayés par les hordes incessantes de touristes qui déferlent à longueur d'année. Un peu plus loin, c'est un lion qui s'avance sur la piste. Il vient se frotter à une landrover arrêtée, puis se couche le long de ses pneus. Le roi des animaux n'a plus rien de terrifiant.

Repas du soir. Comme cet après-midi, nous avons une table réservée pour notre bus... et comme cet après-midi, nos 4 portugais s'attablent en ligne, sachant qu'ils ne vont quasiment parler qu'entre eux... et comme cet après-midi, ils se commandent une bouteille de vin... et ne nous en proposent pas (snif). J'essaie vaguement d'entamer la conversation, leur demande ce qu'ils font dans la vie. L'un des couples tient un café restaurant à Villiers-sur-marne, l'autre une entreprise de peinture-plomberie. Ils nous ont répondu poliment, mais n'ont pas cherché à savoir qui nous étions en retour. Nous abandonnons donc les « tos » à leur discussion et en profitons pour faire connaissance avec l'autre couple du bus, Antoine et Hélène.

Posté par fleg à 17:50 - Permalien [#]

mardi 6 février 2007

Savane

montgolfiere
Survol de Massaï-Mara en montgolfière

5h45. Le réveil vient à peine de sonner que l'on tape à notre porte. C'est Peter qui s'assure que nous sommes bien réveillés. A 6h30 nous partons. Un peu plus loin, une montgolfière s'élève majestueuse au dessus de la savane. Survoler ainsi le parc doit être une expérience inoubliable... tout comme le prix, exorbitant, demandé pour vivre une telle aventure. On oublie. Le jour se lève et nous découvrons un nombre formidable d'animaux : mangoustes, buffles, lions, guépards, gazelles, hyènes, rapaces, ...

rapace
Rapace
vautour
Rapace
phacochere
Phacochère

guepards
Guépards

Retour au camp pour le petit déjeuner. Cette fois, nous ne laissons pas aux « tos » le temps de s'aligner (j'ai décidé d'appeller ainsi nos amis portugais, même si l'expression a une conotation un peu péjorative qui fait hurler Alex... c'est sans méchanceté ni sous entendu de ma part !) et nous installons en carré avec Hélène et Antoine au bout de la table. Le buffet est excellent, en particulier les ananas, succulents !

Nous repartons pour un second safari matinal.
Un couple de vautours, des phacochères et une girafe sont au rendez-vous. Puis, le choc de la matinée. : trois guépards dévorant les restes d'une antilope qu'ils viennent de tuer. Nous continuons par un groupe d'hippopotames batifolant gaiement dans l'eau boueuse de la rivière.

Sur le chemin du retour, nous assistons à une scène saisissante : d'un coup, la savane est en émoi... une lionne se déplace. En un instant, des centaines de topis et de gazelles fixent la même direction, en alerte. La lionne avance, nonchalante, agitant sa queue, signe d'après Peter qu'elle ne chasse pas et ne cherche pas à se dissimuler. Cela dit, la savane ne s'y fie pas et à mesure qu'elle avance, les animaux entament tous une manoeuvre habile d'évitement.  Quelques topis mâles restent en arrière, faisant front face à la lionne, tandis que les femelles font déguerpir les quelque jeunes insouciants qui s'étaient attardés. Aussi loin que l'on puisse voir, gazelles et antilopes ont les yeux rivés sur la lionne. Celle-ci, facétieuse, change à l'occasion brutalement de direction, marchant droit sur les topis qui, pris de panique s'éloignent en courant. Même si elle ne chasse pas, on devine que madame lionne ne dédaignerait sans doute pas une gazelle insouciante qui oublierait de rester à une distance suffisante et se laisserait approcher de trop près. Finalement la lionne dépasse le troupeau et s'en va rejoindre un groupe de lionnes un peu plus loin.

Posté par fleg à 12:34 - Permalien [#]

Radio

depannage
Dépannage

Nos chauffeurs sont en contact radio permanent, s'indiquant les emplacements des animaux. Du coup, dès qu'un lion est repéré, c'est immédiatement une dizaine de minibus et de 4X4 qui débarquent... le spectacle de la vie sauvage perd alors de sa magie ! La radio leur sert également à demander de l'aide en cas d'embourbement... et c'est quotidiennement le cas du chauffeur du bus n°2... et chaque fois Peter (et nous par la même occasion), en bon samaritain, vient lui porter secours, le tirant avec une corde ou lui expliquant où passer pour éviter de s'enliser à nouveau.
Déjeuner au camp puis quelques heures de repos, le temps de piquer une tête dans la piscine avant de repartir en fin d'après midi.

Posté par fleg à 12:35 - Permalien [#]

Carte postale

grue
Grue

buffle
Buffle
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Maman lionne
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La famille éléphant

Première rencontre avec une famille de lions et une sorte de grue [précision d'Alex : royale, la grue ...]. Nous poursuivons, plus loin cette fois. Nos premières sorties s'étaient limitées à deux ou trois kilomètres du camp. Cette fois, nous roulons une bonne vingtaine de minutes. La savane s'étend à perte de vue. Ça et là quelques arbres déchirent la monotonie du paysage. Le soleil descend lentement, peignant d'ocre l'herbe verte : vision de carte postale... Out of africa ! Finalement, nous les apercevons, dans un vallon, un premier d'abord, isolé, un groupe plus loin... une dizaine, avec des petits... des éléphants. Au retour, nous longeons un troupeau de buffles.

Dans le bus, les « tos » commencent à s'ennuyer, alors ils allument leurs téléphones portables. Le résultat ne se fait pas attendre. La macarena, criarde et dissonante, résonne dans la savane. Réponse laconique : « Yé chouis très loin. Yé pou pas té parler. Yé tou rappellerai plous tard. »

Savane, arbres, soleil couchant, contre jour... rideau.

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Carte postale

Posté par fleg à 12:37 - Permalien [#]